Louange à Allah, Seigneur de l’Univers ! Que le salut et la bénédiction d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons élus.
Le Prophète () avait l’habitude de dire à l’apparition du croissant qui marque le début du mois de Rajab et de celui qui marque le début de Cha’bân : « Ô Allah ! Bénis pour nous les mois de Rajab et de Cha'bân et fais-nous vivre le mois de Ramadan ! ».
Pour ce qui est du mois de Cha’bân, il est le huitième mois de l'année lunaire et il se situe entre deux mois très importants : Rajab et Ramadan.
Comme nous allons le voir dans ce présent article, le Prophète () prête à ce mois une attention particulière et lui accorde une grande importance.
C’est un mois au cours duquel le Prophète () s’adonnait à un jeûne surérogatoire presque permanent au point que bon nombre de ses Compagnons lui ont posé plusieurs questions à propos du mérite du jeûne en ce mois.
Selon Usâma ibn Zayd, le Messager d’Allah () jeûnait certains jours d’affilés à tel point que nous pensions qu’il ne s’arrêterait jamais de jeûner ; et il mangeait certains jours d’affilés à tel point que nous pensions qu’il ne jeûnerait plus jamais si ce n’est les deux jours de la semaine qu’il avait l’habitude de jeûner. Il n’y pas un mois où il jeûnait plus de jours que le mois de Cha'bân. Je lui ai dit à ce sujet : « Ô Messager d’Allah ! Tu te consacres au jeûne à tel point que tu ne le romps pratiquement plus, et tu interromps le jeûne à tel point que tu ne t’y consacres pratiquement plus si ce n’est les deux jours de la semaine que tu consacres séparément au jeûne.
- Quels sont ces deux jours ? Demanda-t-il.
- Le lundi et le jeudi, lui répondis-je.
- Au cours de ces deux jours, les œuvres sont exposées au Seigneur de l’univers, et j’aime être en état de jeûne lorsque mes œuvres Lui sont exposés. - Je ne te vois pas autant jeûné les autres mois que pendant celui de Cha'bân.
- Les gens oublient ce mois qui se trouve entre Rajab et Ramadan ; c’est pourtant le mois au cours duquel les œuvres montent vers le Seigneur de l’Univers (exalté soit-Il), et j’aime être en état de jeûne lorsque mes œuvres montent jusqu'à Lui. » (Rapporté par Ahmed et al-Nasâ`î).
Cette recrudescence du jeûne chez le Messager d’Allah () au cours de ce mois est aussi confirmé par Aïcha (qu’Allah soit satisfait d’elle) dans le hadith suivant :
« Je n'ai jamais vu le Messager d'Allah () jeûner un mois en entier à part le mois de Ramadan. Et je ne l'ai jamais vu jeûner facultativement au cours d’un mois comme il jeûnait au cours du mois de Cha'bân". Dans une autre version : « Il jeûnait Cha'bân hormis quelques jours. » (Rapporté par Boukhari et Mouslim).
Concernant les mérites du mois de Cha'bân, le Messager d’Allah () a dit : «Allah, exalté soit-Il, considère toutes Ses créatures la nuit de la mi-Cha'bân. Au cours de cette nuit, Il pardonne à tous ses serviteurs en dehors du païen et de deux personnes qui sont en conflit.» (Rapporté par al-Tabarânî et Ibn Hibbân et qualifié d’authentique par al-Albânî dans Sahîh targhîb wa tarhîb).
Signalons au passage qu’aucun acte d’adoration n’a été spécialement légiféré pour cette fameuse nuit et que tous les hadiths qui encouragent à s’adonner à la prière et à consacrer sa journée au jeûne sont soit des hadiths très faibles au point qu’ils ne peuvent servir de preuve soit forgés (mawdû’).
Dans l’hypothèse où il y aurait d’autres hadiths authentiques sur les mérites de cette nuit-là – en dehors du hadith que nous venons de mentionner – cela ne justifie pas d’innover au cours d’elle des pratiques quelconques et encore moins de s’y adonner en groupe.
Parmi les hadiths qui sont en rapport direct avec le jeûne de ce mois nous pouvons citer les suivants :
Selon Abû Hurayra, le Messager d’Allah () a interdit de jeûner la deuxième moitié de Cha'bân. (Rapporté par al-Tabarânî et qualifié d’authentique par al-Albânî dans Sahîh el-Jâmi').
Toujours selon Abû Hurayra (radiya Allahou `anhou), le Prophète () a dit : « Ne devancez pas le Ramadan d’un jour ou deux, sauf pour celui qui avait l’habitude de jeûner ce jour-là. » (Rapporté par Boukhari et Mouslim).
Selon 'Ammâr ibn Yâsir, le Prophète () a dit : «Celui qui jeûne le jour du doute a certes désobéi à Abû al-Qâsim. » (Rapporté par Boukhari).
Ces hadiths semblent – du moins en apparence – contradictoire avec les hadiths précédemment cités. Plusieurs hypothèses ont été soulevées par les oulémas pour résoudre cette difficulté. L’avis retenu par la majorité est qu’il n’y aucune contradiction entre ces hadiths, car l’interdiction ici ne concerne que celui qui voudrait commencer à jeûner à partir du milieu de Cha'bân. Quant à celui qui jeûne pendant tout le mois ou presque, ou qui avait l’habitude de jeûner des jours particuliers (lundi et jeudi) ou un jour sur deux, il n’est pas concerné par cette interdiction.
Pour ce qui est du dernier hadith, il prouve que le fait de jeûner le dernier jour de Cha'bân par précaution afin d’éventuellement ne pas rater le premier jour du Ramadan si la nuit du doute n’annonce rien est strictement interdit.