La croyance au Destin est l’un des piliers de la foi, compte tenu de la parole du Prophète () en réponse à la question concernant la foi posée par Gabriel (Alaihi Salam) : « C’est croire en Allah, en Ses anges, en Ses livres, en Ses messagers, au jour dernier et au Destin, bon ou mauvais » .
Le Docteur ‘Abd ar-Rahmân al-Mahmûd a mentionné dans son livre intitulé Al-Qadhâ wa l-Qadar que par Qadar (Destin) on entend deux choses :
- L’éternelle détermination des choses par Allah et Sa parfaite connaissance de leur déroulement à des moments déterminés.
- La volonté d’Allah (qui domine toute chose) et le déroulement des choses comme Il les a créées et déterminées.
La croyance au Destin repose sur quatre piliers :
1er pilier : croire qu’Allah sait depuis toujours ce que les créatures allaient faire
2ème pilier : croire qu’Allah a inscrit les destins des créatures dans Al-Lawh al Mahfoudh (la Tablette bien gardée)
3ème pilier : croire que ce qu’Allah veut se réalisera et que ce qu’Il ne veut pas ne se produira jamais et qu’il n’y a pas dans les cieux et sur terre ni mouvement ni repos qui ne dépendent de la volonté d’Allah, exalté soit-Il.
4ème pilier : croire qu’Allah est le Créateur de toute chose y compris les actes accomplis par les créatures ; ceux-ci les accomplissent réellement, mais Allah demeure celui qui les a créés et créé leurs œuvres.
Nombreux sont les textes du Coran et de la Sunna qui affirment ces quatre piliers. En voici quelques-uns :
«C’est Lui qui détient les clefs de l’Inconnaissable. Nul autre que Lui ne les connaît. Et Il connaît ce qui est dans la terre ferme, comme dans la mer. Et pas une feuille ne tombe qu’Il ne le sache. Et pas une graine dans les ténèbres de la terre, rien de frais ou de sec, qui ne soit consigné dans un livre explicite. » (Coran 6/59)
« Nous avons créé toute chose avec mesure,» (Coran 54/49).
Mouslim a rapporté dans son Sahîh que ‘Abdallah ibn ‘Amr ibn al-‘Âs a dit : « J’ai entendu le Messager d’Allah () dire : "Allah a déterminé les destins des créatures cinquante ans avant la création des cieux et de la terre. Et Son Trône était sur l’eau" .
Selon le credo des gens de la Sunna et la Jamâ’a, l’homme dispose de la liberté de choisir. D’ailleurs c’est la raison pour laquelle il peut être soit récompensé, soit châtié. En effet, il est obligé d’obéir à la loi légiférée par Allah et il a en lui la capacité de violer cette loi ou de l’observer et il recevra soit un châtiment soit une récompense selon qu’il l’aura violée ou l’aura observée. Sa volonté reste toutefois dépendante de celle d’Allah le Très Haut ; rien ne se passe dans l’univers qui ne découle de la volonté d’Allah, exalté soit-Il.
Le fait de dire que nous disposons d’une certaine liberté de choisir notre chemin, mais qu’au bout du compte nous retrouverons notre Destin déterminé par Allah est en parfaite conformité avec les versets suivants :
« Nous l'avons guidé dans le chemin, - qu'il soit reconnaissant ou ingrat -» (Coran 76/3)
«Ne l'avons-Nous pas guidé aux deux voies. » (Coran 90/10)
« Mais vous ne pouvez vouloir, que si Allah veut, (Lui), le Seigneur de l'Univers » (Coran 81/29).
Cheikh al-Islam ibn Taymiyya dit dans le cadre de son explication de la doctrine des gens de la Sunna à propos des actes humains : « Les êtres humains qu’ils soient croyants, mécréants, bons ou mauvais sont les vrais auteurs de leurs actes, mais Allah en est le Créateur. Les êtres humains possèdent une puissance et une volonté qui déterminent leurs actes, mais Allah demeure le Créateur de cette puissance et de cette volonté. C’est à ce propos qu’Allah, exalté soit-Il, dit : "Mais vous ne pouvez vouloir, que si Allah veut, (Lui), le Seigneur de l'Univers" (Coran 81/29)». (Voir al-‘Aqîda al-wâsitiyya)
Ne connaissant pas son destin, l’être humain doit suivre la loi légiférée par Allah, observer les prescriptions et les proscriptions, solliciter l’assistance d’Allah, exalté soit-Il, et Lui demander d’éclairer son choix dans toute affaire, et ce, tout en employant les moyens tangibles dont le plus important consiste à se référer à l’avis des experts en chaque matière.
En somme, l’homme doit tenir compte de la législation d’Allah, exalté soit-il, et en appliquer les prescriptions, même si elles lui déplaisent, et s’abstenir des proscriptions, même si elles lui plaisent. Car tout le bien réside dans l’observance de la loi. Allah, exalté soit-Il, dit : « Il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu'elle vous est mauvaise.» (Coran 2/216).
Le Destin ne doit pas être évoqué pour se justifier d’une mauvaise action perpétrée ou d’une obligation négligée, mais peut être envisagé de manière à en faire le moyen de se satisfaire des choses désagréables qui nous arrivent. Le Prophète () dit dans ce sens : « Sache que si tout le monde s’associait pour te faire du bien, ils ne pourraient te faire que le bien qu’Allah a déjà écrit pour toi. Et que s’ils se coalisaient tous pour te faire du mal, ils ne pourraient te faire que le mal qu’Allah a déjà écrit pour toi. Les calames (du destin) se sont depuis longtemps arrêtés d’écrire et l’encre des pages (du destin) est désormais bien sèche » (Hadith rapporté par at-Tirmidhî qui le tient pour bon et authentique)
Dans une autre version : « Sache que ce qui t’a raté ne pouvait t’atteindre et que ce qui t’a atteint ne pouvait te rater. »