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Musulman ! A quelle communauté appartiens-tu ?

La communauté musulmane européenne fait face à de nombreuses difficultés dans la pratique quotidienne de l’Islam. L’une d’elle, et pas la moindre, est son manque de connaissance et de proximité au Coran et à la Sunna.

On constate en effet qu’un grand nombre de musulmans, non seulement vivent et agissent comme s’ils étaient à la périphérie de la communauté musulmane, mais souhaitent développer par exemple un Islam « de » France ou « en » France. S’il est légitime de vouloir trouver des réponses à la situation particulière que vivent ces communautés, il est également dangereux d’ériger ce particularisme en règle ou exception, ou encore de se poser de fausses questions. Bien que notre communauté soit constituée d’individus et de groupes particuliers, elle est "une" devant son Créateur : « Les croyants ne sont que des frères. » ( Coran : 4910) ; « Cette communauté, la vôtre, est une seule communauté tandis que je suis votre Seigneur. Craignez-Moi donc. » ( Coran : 2353).


La Sunna nous éclaire sur la question : « L'image des croyants dans les liens d'amour, de miséricorde et de compassion qui les unissent les uns aux autres, est celle du corps ; dès que l'un de ses membres est malade, tout le reste du corps souffre d'insomnie et de fièvre. » (Boukhari et Mouslim) ; « Vous n'aurez pas la foi tant que vous n'aimerez pas pour votre frère ce que vous aimez pour vous-même! » (Boukhari et Mouslim).

Un sentiment unique de fraternité lie les musulmans entre eux. Ce sentiment, seul l’Islam a su le développer dans l’histoire de l’humanité. Écoutons encore notre Prophète bien-aimé (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam): « J’aurais aimé rencontrer mes frères. » Les compagnons lui dirent : « Ne sommes-nous pas tes frères?» Il (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) repondit: «Vous, vous etes mes compagnons. Par contre, mes freres sont ceux qui ont cru en moi sans pour autant m'avoir vu.»
Notre fraternité musulmane transcende les différences culturelles et géographiques mais aussi les contingences temporelles ! Je suis le frère d’Abu Bakr as Siddiq et de ‘Umar Ibn Khattab, je suis le frère de Salah Ed Dine el Ayoubi, d’Ibn Kathir et d’Ibn Badis, …je suis le frère de tous les musulmans et musulmanes du monde, du Maroc à l’Indonésie, des Etats-Unis à la Chine, vivants ou disparus. Comme dit un chant islamique, en réponse aux hymnes nationaux enseignés à nos enfants : “mon pays c’est islam et mon frère c’est le musulman”. Qu’Allah nous unisse sous sa protection et son obéissance.

Ainsi ce particularisme, réel et vécu par les musulmans en Occident particulièrement, ne doit pas les couper de la réalité et de la vie de la communauté musulmane dans le monde. En effet, à se sentir trop éloigné de la Communauté, on adopte, sans réflexion aucune, des coutumes et des opinions qui nous éloignent chaque jour un peu plus de nous-mêmes. Ceci est en contradiction avec notre acceptation de l’Islam comme identité et notre conviction qu’Allah seul est digne d’adoration. Le musulman vit et meurt, travaille et se repose, aime et déteste pour Allah. C’est en référence à ce principe fondateur de l’identité islamique que le musulman développe une personnalité originale et positive, non dans l’imitation aveugle des comportements des gens qui l’entoure. Notre ambition est dans la sage parole de Umar Ibn Khattab, qu’Allah soit satisfait de lui : "sortir de l’adoration des créatures du Seigneur, pour adorer le Seigneur des créatures !"

L’un des paradoxes les plus étonnants parfois constaté est le suivant : le musulman s’éloigne et s’écarte de sa communauté et du chemin qui est le sien (le Coran et la Sunna) lorsqu’il cherche à la connaître et à mieux comprendre sa religion. La raison se trouve dans les moyens d’information utilisés. La télévision et les journaux donnent une image fausse et mensongère de la communauté, nulle ne l’ignore mais, hélas, peu échappe au matraquage médiatique. Ajoutons que certains frères qui œuvrent à organiser ou éduquer la communauté ne respectent pas, par précipitation ou ignorance, les étapes et les principes nécessaires à un travail profond et sérieux.

Souvenons-nous des premiers musulmans. Après l’acceptation de l’Islam, leur premier soucis a été d’apprendre le Coran et la Sunna. Pour cela, ils ont dès l’aube de l’Islam organisé un apprentissage systématique de la langue arabe. Est-il possible de vouloir comprendre l’Islam sans comprendre sa langue ? Et sa langue, c’est l'arabe ! A titre d’exemple, les mots : foi et spiritualité ne pourront jamais traduire avec exactitude le mot : al Iman ! Combien de conférenciers ou d’auteurs utilisent un vocabulaire fortement marqué par le christianisme pour parler de l’Islam : es syam n’est pas le carême, le Jihad n’est pas la guerre sainte, etc. Pourquoi ne pas utiliser des mots arabes lorsqu’on parle de notre religion alors que lorsqu’on aborde d’autres sujets on n’hésite pas à utiliser des anglicismes !!!

As-Souyouti, dans son livre « Sawn Al-Mantiq », nous apprend que l’imam Ach-Chafi’i, qui n’avait de cesse d’inciter les gens à l’apprentissage de l’arabe, disait : « les gens ne sont devenus ignorants et n’ont divergé qu’après avoir abandonner la langue arabe au profit de la langue d’Aristote ». .

L’importance de la langue arabe est tel qu’Ibn Tayima a été catégorique quant à l’obligation de son apprentissage et l’interdiction d’utiliser, sans raison valable, une autre langue dans la communication entre musulmans : « La langue arabe fait partie de l'islam et son apprentissage est une obligation religieuse. Car comprendre le Coran et la Sunna est un devoir qu’aucun musulman ne peut nier, et ils ne peuvent être compris sans connaître l'arabe. Les moyens nécessaires pour accomplir un devoir sont aussi obligatoires que le devoir lui-même. Cette fatwa, nous y reviendrons dans notre prochain article, n’a pas été émise en ignorance de la réalité plurielle du paysage linguistique que connaît la communauté mais c’est une insistance sur l’exigence qui doit être la nôtre quant à l’utilisation d’un vecteur de communication propre à notre religion.

Rappelons qu’il n’est permis de réciter ni la traduction de la sourate "Al-Fâtiha" ni celle d’aucune autre sourate pendant l’accomplissement de la prière. La personne qui ne connaît pas la Fâtiha en arabe doit, conformément au recommandation du Prophète dans plusieurs Hadiths authentiques, dire "Al-Hamdou lillah (louange a Allah) ", "Allahou akbar (Allah et Grand)", "Soubhana Allah (glorifier Allah) " et dire "La ilaha illa Allah (Il n’y a pas de Dieu qu’Allah)" en se tenant debout durant la prière, jusqu’à ce qu’il apprenne la récitation d’Al-Fâtiha en arabe.

En apprenant et en enseignant l’arabe, je fais donc un effort louable pour appartenir à la Oumma et pour comprendre l’Islam à travers le Coran, la Sunna et les écrits des grands savants. Ne minimisons pas le fait qu’Allah le Très-Haut ait choisi la langue arabe pour porter son dernier message. Cette langue a une portée universelle, une bénédiction intemporelle. Nulle doute que la personne qui l’apprend et l’enseigne bénéficie du soutien du Très-Haut !

Parmi les priorités qui doivent donc occuper les musulmans européens, sont donc la conviction d’appartenir à la communauté musulmane, la communauté du Prophète Mohammed (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam).

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