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  5. Conditions de validité du jeûne
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Jeûner les jours blancs avant d’avoir compensé ceux du mois de Ramadan précédent

Question

Je compense actuellement les jours de Ramadan de l’année dernière. J’ai appris que les prochains jours sont les jours blancs et j’ai l’intention de les jeûner, et ensuite de poursuivre la compensation des jours de jeûne. Est-ce que cela est valide ?
Deuxièmement : j’ai bu un verre d’eau alors que j’entendais l’appel à la prière du Fajr qui disait : Allah Akbar. Et je n’ai pas fait cela volontairement, mais je croyais que le jour ne s’était pas encore levé. Est-ce que mon jeûne est valide ?
Qu’Allah vous récompense par un bien.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Il vous est permis de jeûner les jours blancs avant d’avoir compensé la totalité des jours du Ramadan dernier, ceci selon l’avis le plus juste émis sur cette question. Voici le résumé des avis émis à ce sujet :
Les savants ont divergé pour déterminer le statut du jeûne surérogatoire avant de compenser des jours de jeûne du Ramadan : La majorité des savants, les Hanafites, Malikites et Shafi’ites sont d’avis que cela est permis. Mais les Hanafites considèrent que cela est permis sans être réprimandable alors que les Malikites et Shafi’ites sont d’avis que cela est permis, mais reste malgré tout réprimandable.
La preuve justifiant que cela est permis est que la compensation des jours n’est pas une obligation imminente.
Les Hanbalites sont d’avis qu’il est interdit d’accomplir un jeûne surérogatoire avant d’avoir compensé les jours de jeûne du Ramadan et qu’un tel jeûne est invalide.
Leur argument est un hadith rapporté par Ahmad. Selon Abou Horayra, le Prophète () a dit : « Celui qui accomplit un jeûne surérogatoire alors qu’il doit compenser un jeûne du Ramadan alors son jeûne surérogatoire ne sera pas accepté jusqu’à ce qu’il compense celui du Ramadan. »
Mais ce hadith n’est pas authentique au vu de son incohérence selon ce que dit Ibn abi Hâtim. De plus, dans sa chaine de narrateur, on compte Ibn Lahî’a. Ajoutons à cela que dans la formulation du hadith il y a un passage qui n’est pas cité puisqu’à la fin il dit : « Celui qui arrive au début du mois de Ramadan alors qu’il a des jours à compenser du Ramadan précédent alors il ne sera pas accepté de lui. » C’est ce qui a été dit dans Al-Sharh Al-Kabîr. Dans son ouvrage Kashshâf Al-Qinâ’, Al-Bahûtî a reproduit ce propos. Et ce sont deux ouvrages de référence de l’école Hanbalite.
La deuxième version rapportée de l’imam Ahmad : le jeûne surérogatoire avant de compenser celui du Ramadan précédent est permis et valide. Dans le livre Al-Insâf de Al-Mardâwî, il est dit : c’est ce qui est juste. Et l’avis le plus juste est celui auquel s’est rangée la majorité des savants. En conséquence, il n’y a pas de mal à jeûner les six jours de Chawwâl ou autre comme ‘Ashûrâ avant de jeûner ce que vous devez compenser du Ramadan précédent puisque le temps imparti pour le faire est large alors que le temps imparti pour jeûner ces jours est plus restreint, on ne pourrait plus les jeûner si l’opportunité nous échappait.
Quant au fait d’avoir bu en entendant le début de l’appel à la prière en pensant que ce n’était pas l’appel du Fajr, puis s’en être rendu compte, la validité du jeûne de ce jour est objet de divergences.
Dans le livre Al-Mughnî, il est dit : « Question : si le fidèle a mangé en pensant que le jour ne s’est pas encore levé alors que c’était le cas, ou qu’il a mangé en pensant que le soleil s’est couché alors que ce n’était pas le cas, alors dans ce cas il doit compenser ce jour. C’est l’avis de la majorité des savants, des juristes et des autres. Mais il a été rapporté de ‘Urwa, Mujâhid, Al-Hasan et Ishâq que dans ce cas on ne doit pas compenser ce jour. » Fin de citation.
Omar – qu’Allah soit satisfait de lui –a deux avis sur cette question. Ibn Taymiyya a choisi l’avis qui stipule que celui qui mange en pensant que le soleil s’est couché ou que le jour ne s’est pas encore levé puis il s’aperçoit qu’il avait tort alors rien ne lui incombe. Il dit : « C’est l’avis le plus juste et le plus en phase avec les principes fondamentaux et ce qu’indiquent le Coran et la Sunna, et aussi l’analogie des fondamentaux d’Ahmad et d’autres. En effet, Allah ne tient pas rigueur à celui qui oublie ou se trompe. Et le fidèle en question s’est trompé. Aussi, Allah a permis de manger et d’avoir des rapports jusqu’au moment où se distingueront clairement les premières lueurs de l’aube dans l’obscurité de la nuit. Et il a recommandé de manger jusqu’au dernier moment permis. Ainsi, celui qui fait ce qui est recommandé et permis n'a pas fait preuve de négligence. Il est même plus excusable que celui qui a oublié. » Fin de citation.
Aussi, dans le cas où vous avez mangé en pensant que le jour ne s’était pas encore levé puis vous êtes rendu compte que c’était le cas, le plus prudent est de compenser ce jour pour vous décharger de toute responsabilité et ne pas être concerné par la divergence des savants sur cette question. Ceci, bien que l’avis indiquant qu’il n’est pas obligatoire de le compenser est bien fondé et pertinent. Et si vous ne vous êtes pas rendu compte que le jour s’était levé alors le principe veut qu’à priori il faisait toujours nuit – comme nous l’avons dit – on ne doit donc pas sortir de ce principe que si on en a la certitude.
Ibn Qudâma a dit : « Si le fidèle a mangé en pensant que le jour ne s’est pas encore levé, ou qu’il a mangé en pensant que le soleil s’est couché, puis a douté après avoir mangé sans savoir ce qu’il en est réellement alors il n’a pas à compenser ce jour puisqu’il n’y a aucune certitude pour dissiper cette présomption sur laquelle il fonde son avis. Ce cas ressemble plus à celui du fidèle qui prie en déterminant la direction de la Qibla suite à un effort de réflexion puis après sa prière doute d’avoir prié dans la bonne direction. » Fin de citation.
L’avis indiquant que le jeûne est valide est un avis bien fondé et pertinent même si l’avis de la majorité soutient l’inverse.
Si le jeûne que vous avez accompli est surérogatoire alors nous espérons que vous en obtiendrez la récompense – si Allah le veut -.
S’il s’agissait d’un jeûne obligatoire alors il est plus prudent de le refaire pour ne pas être concerné par la divergence des savants.
Et il est bien facile de compenser un jour, comme l’a dit Omar – qu’Allah soit satisfait de lui -.
Et Allah sait mieux.

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