La rancœur et l'envie

03/05/2020| IslamWeb

La rancœur est un lourd fardeau qui accable celui qui le porte. Elle afflige son âme, corrompt sa pensée, hante son esprit et accroît ses soucis et ses ennuis. Il est étonnant que les personnes ignorantes et stupides continuent à porter cet abominable fardeau jusqu'à ce qu’elles s’en déchargent en se vengeant de celui qui fait l’objet de leur rancune.
La rancune dévore les vertus des rancuniers et prospère à leurs dépens.


Sens de la rancœur :


Si nous observons la rancœur, nous constatons qu'elle est formée d'une très forte haine et d'un désir voilé de vengeance.
Allah, exalté soit-Il, a fait l’éloge des croyants dont l’âme et le cœur sont purs de toute rancune et qui n'éprouvent de la rancœur envers aucun croyant. Il dit, à Lui la gloire, (sens des versets) :
« [Il appartient aussi] aux émigrés besogneux qui ont été expulsés de leurs demeures et de leurs biens, tandis qu’ils recherchaient une grâce et un agrément d’Allah, et qu’ils portaient secours à (la cause d’) Allah et à Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. Il [appartient également] à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. Et [il appartient également] à ceux qui sont venus après eux en disant : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi ; et ne mets dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont cru. Seigneur, Tu es Compatissant et Très Miséricordieux » (Coran 59/ 8-10).


L’âme peut parfois faiblir et détester ou haïr, mais cette haine ne s’installe jamais dans le cœur du croyant et ne devient jamais de la rancune. Cette haine est passagère. Elle se dissipe rapidement, car le croyant est lié aux autres croyants par une fraternité cultuelle étroite. Il est plein d’affection et de miséricorde envers ses frères croyants ; est-il alors possible que la rancune et la rancœur puissent s’infiltrer dans son cœur ?


Le jugement de la Charia vis-à-vis de la rancœur :
 

Certains jurisconsultes considèrent que la rancune fait partie des péchés majeurs que le croyant doit éviter.


Comment remédier à la rancœur ?


Il faut éradiquer le mal à la source. Nous parlons ici de la colère. Si nous nous mettons en colère et que nous n'arrivons pas à éliminer cette colère au moyen de l’indulgence ou en nous rappelant du mérite de celui qui retient sa colère, alors nous devons lutter contre nos mauvais instincts et renoncer à la vie d’ici-bas. Nous devons nous méfier des conséquences de notre vengeance et nous rappeler du pouvoir d’Allah, exalté soit-Il, qui est beaucoup plus grand que le nôtre. Nous devons nous rappeler qu’Allah, exalté soit-Il, est le Maître des ordres et des interdictions ; nul ne peut repousser ni revoir Son Jugement. Toute personne rancunière doit se forcer à faire le contraire de ce que sa rancune lui dicte. Elle doit louer au lieu de dénigrer la personne qui fait l'objet de cette rancœur, être modeste envers elle au lieu de la traiter avec arrogance, elle doit se mettre à sa place et se rappeler qu’elle aimerait elle aussi être traitée avec douceur et affection. Elle doit donc agir de cette manière avec la personne objet de sa rancœur.


Le meilleur remède à cette maladie impose à celui qui fait l'objet de la rancune, s’il est injuste envers un autre, de cesser son injustice et d’améliorer son image. Il doit savoir absorber la rancune de son adversaire de sorte à le rassurer et à le satisfaire. Il doit s’efforcer à améliorer sa situation et à le consoler. Le rancunier lui doit, dans ce cas-ci, pardonner et accepter les excuses. Ainsi la rancune se dissipera et sera remplacée par l’amour et l’affection.


Parmi les méfaits de la rancœur :


Certains oulémas ont dit que : « La rancune qui corrompt le cœur est une maladie chronique. La foi fuit le cœur corrompu aussi rapidement qu’un liquide ne s’écoule d’un récipient troué ».
Satan n’a peut-être pas réussi à faire d’un homme raisonnable un adorateur d’idole. Mais il est capable – lui qui s'efforce d'induire en erreur l’être humain et de le conduire à sa perdition – d’éloigner l’homme de son Seigneur au point de lui faire ignorer les droits du Tout-Puissant encore plus que ne l’ignore la personne insensée qui adore des idoles. Satan s’emploie à réaliser son objectif en attisant le feu de l’animosité dans les cœurs. Quand ce feu gagne en intensité, il prend plaisir à le regarder anéantir le présent et l’avenir des gens et dévorer leurs mérites et leurs vertus. Lorsque le mal s’empare des cœurs (rancuniers), il chasse l’affection qui se trouve dans ces cœurs et rend les gens cruels et obstinés. Ils empêchent ce qu’Allah, exalté soit-Il, a ordonné de faire et corrompent la vie d’ici-bas.
La rancune est la source latente de beaucoup de vices contre lesquels l’Islam a mis en garde. Le fait de calomnier les innocents est un crime motivé par la rancœur et l'envie, et considéré par l’Islam comme le plus abominable des faux témoignages. Quant à la médisance, elle est l’exutoire d’une haine refoulée et le reflet d’une âme dépourvue de clémence et de pureté. La rancœur c'est le fait de soupçonner les autres, de rechercher leurs défauts, d'en faire une raillerie à cause de leurs infirmités, leurs particularités physiques ou psychologiques ; l’Islam a vivement réprouvé tout cela.
 

La rancœur bouillonne dans l’esprit des gens envieux. Ils pensent à la vie de ce bas-monde et voient que ce qu’ils convoitaient est allé à d'autres personnes. C'est pour eux le comble du malheur. Cela trouble leur tranquillité. Ils sont les successeurs d’Iblis – qui a vu la grâce qu’il désirait être octroyée à Adam. Iblis a promis de faire en sorte que personne ne jouisse de ce mérite après qu'il en eut été privé. Ce bouillonnement satanique embrase l’âme de ces envieux et corrompt leurs cœurs : leur volonté faiblit, leurs mains sont liées. Ils auraient dû se tourner vers leur Seigneur pour L’implorer de leur accorder de Ses bienfaits et faire des efforts pour obtenir ce que les autres ont obtenu car les réserves d’Allah, exalté soit-Il, ne sont l’apanage de personne. Aspirer aux bienfaits d’Allah, exalté soit-Il, par des moyens licites est la seule action qu'on peut faire lorsqu’on voit une grâce d’Allah, exalté soit-Il, accordée à un individu particulier. Il y a une grande différence entre l’envie et l’émulation, la rancune et l’ambition.
 

La pureté du cœur est le chemin du Paradis :

Allah, exalté soit-Il, affirme que les habitants du Paradis éternel, ceux qui jouiront des délices de la vie dans l’au-delà, sont dénués de toute rancune et rancœur. Si l’un d’eux est atteint de cette rancune dans la vie de ce bas monde, il en sera purifié avant d’aller au Paradis : «Et Nous enlèverons toute la rancune de leurs poitrine » (Coran 7/ 43).
Nous avons vu que certains compagnons du Prophète () ont reçu la promesse du paradis pour la pureté de leur cœur. Anas ibn Mâlik, qu'Allah soit satisfait de lui, a dit : « Nous étions en compagnie du Prophète () qui dit : ‘Il va entrer maintenant un homme qui fait partie des gens du Paradis’. Un homme des Ansars est apparu, sa barbe ruisselait d’eau à cause des ablutions et il tenait dans sa main gauche ses souliers. Le lendemain, le Prophète () a redit les mêmes paroles et le même homme est apparu. Le troisième jour, le Prophète () a répété les mêmes paroles et cet homme est apparu comme la première fois. Lorsque le Prophète () s’est levé, `Abdallah ibn `Amr a suivi l’homme puis est allé lui dire : « Je me suis disputé avec mon père et j'ai juré de ne pas rentrer chez moi pendant trois jours. Accepterais-tu de m’héberger pendant cette période ? ». L'homme a répondu par l’affirmative. `Abdallah ibn `Amr a passé trois nuits chez lui. Il ne l’a pas vu se réveiller la nuit pour prier ; il l’a simplement vu, quand il se découvrait la nuit en remuant, évoquer Allah, exalté soit-Il, et dire la formule du takbîr jusqu'à la prière de Fajr. `Abdallah a dit : « Je ne l’ai jamais entendu dire autre chose que du bien. Lorsque les trois nuits se sont écoulées, et que j’étais sur le point de constater que son savoir (en religion) n’était pas très grand, je lui ai dit : ‘Ô adorateur d’Allah, je n’étais pas en colère contre mon père et je ne l’ai pas abandonné mais j’ai entendu le Prophète () dire trois fois : «Il va entrer maintenant un homme qui fait partie des gens du Paradis » et c’est toi qui est apparu les trois fois. J’ai voulu que tu m’accueilles chez toi pour que je puisse voir ce que tu fais et suivre ton exemple. Or, je ne t’ai pas vu faire grand-chose, qu’est-ce qui t’a fait mériter donc la parole du Prophète () ?’. L'homme a répondu : ‘Ce n’est que ce que tu as vu’. Quand je m'en suis allé, il m’a rappelé et a dit : ‘Ce n’est que ce que tu as vu mais, en plus, je ne trompe aucun musulman ni ne l’envie pour un bien qu’Allah lui a accordé’. `Abdallah a répliqué : ‘C’est pour cela que tu l'as méritée (la parole du Prophète ()) ».


Cher frère bien-aimé, lisez ces paroles bénies prononcées par certains oulémas : « Il n’y pas plus soulageant et plus réconfortant pour l’être humain que d’avoir un cœur sain, dépourvu de rancœur et d'envie. Quand il voit un bienfait accordé à une personne, il est satisfait et ressent la grâce d’Allah et le besoin de Ses adorateurs à l’égard de ces bienfaits. Quand il voit un mal s’abattre sur une créature d’Allah, il le déplore et invoque Allah, exalté soit-Il, de l’ôter (le mal) et de pardonner les péchés de cette personne. Le musulman vit ainsi tout pur, satisfait d’Allah et de la vie et soulagé de la rancœur aveugle ».

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