C’est Allah qui l’a empêché d’entrer à La Mecque comme Il en avait empêché l’éléphant

08/09/2020| IslamWeb

C’est Allah qui l’a empêché d’entrer à La Mecque comme Il en avait empêché l’éléphant

 

Au cours du mois de Dhu Al-Qi’da de la sixième année de l’hégire, le Prophète () prenait la direction de La Mecque à la tête de mille quatre cent musulmans pour y accomplir leur première Omra (petit pèlerinage) depuis leur émigration. Arrivé à Dhu Al-Hulayfa, le lieu de sacralisation des pèlerins arrivant de Médine, il commença à prononcer à haute voix la formule annonçant le pèlerinage appelé la talbiya suivit en cela par les fidèles qui l’accompagnaient. Ils étaient alors tous en état de sacralisation. Il envoya Busr ibn Sufian à La Mecque pour savoir ce qu’en disaient les Mecquois et quelle était leur réaction. Ce dernier retrouva les musulmans sur le chemin entre Médine et La Mecque, à ‘Asafân, et informait le Prophète () que Quraych avait préparé plusieurs armées pour le combattre, s’interposer sur son chemin et l’empêcher d’atteindre La Mecque pour qu’il y accomplisse son pèlerinage. Le Prophète () consulta donc ses compagnons et Abu Bakr suggéra de se rendre malgré tout à La Mecque pour y accomplir la Omra et tourner autour de la maison sacré (la ka’ba) en disant : Nous combattrons ceux qui nous barreront la route. Le Prophète () dit alors : Poursuivons notre chemin au nom d’Allah.

Les musulmans poursuivirent leur route et empruntèrent un chemin difficile d’accès pour se diriger vers La Mecque y accomplir la Omra. Alors qu’ils s’en approchaient, il se produisit soudainement un fait étrange. La chamelle du Prophète () fit halte et s’agenouilla, refusant de se relever pour poursuivre la route. Ce qui n’était pas dans ses habitudes. Boukhari rapporte cet épisode de Miswar ibn Makhrama et Marwan ibn Al-Hakam : « A l’époque d’Al-Hudaybiyya, le Prophète () se trouvait sur une route en direction de La Mecque accompagné des musulmans. Il dit alors : Khalid ibn Al-Walid se trouve au lieu connu sous le nom de Kirâ’ Al-Ghamim, entre Médine et La Mecque. Il est à la tête de plusieurs cavaliers de Quraysh aux aguets pour se lancer contre nous. Faisons un détour par la droite de la vallée. Et Khalid ne s’en aperçut qu’après avoir observé la poussière laissée par les traces de leurs montures. Il s’en alla au galop prévenir Quraysh. De son côté, le Prophète () continua sa route jusqu’au lieu-dit Thaniyya, une route surélevée de la montagne, qui donnait sur La Mecque. Mais sa chamelle s’arrêta soudainement et s’agenouilla. Les gens s’écrièrent : Allez ! Avance ! en la réprimandant pour qu’elle se lève et reprenne la route. Mais celle-ci persista à rester à terre. Ils s’écrièrent à nouveau : Al-Qaswâ' se rebiffe, Al-Qaswâ' se rebiffe ! (Al-Qaswâ' est le nom de la chamelle du Prophète ()). Celui-ci répliqua alors: Al-Qaswâ' ne se rebiffe pas, d'ailleurs ce n'est pas dans ses habitudes. Elle a seulement été arrêtée par Celui [Allah] qui a arrêté l'éléphant. Puis il dit : Par Celui qui tient mon âme dans Sa main, Les polythéistes n’exigeront rien de moi qui respecte les droits sacrés d’Allah sans que je ne leur accorde. Il réprimanda alors la chamelle qui se releva vigoureusement et il ajouta : Il prit alors un autre chemin jusqu’à arriver au bout d’Al-Hudaybiyya. »

 Allah l’a empêché d’entrer à La Mecque comme Il en avait empêché l’éléphant : L’épisode de l’éléphant auquel le Prophète () fait allusion est connu de tous. C’est un des évènements les plus importants qui précéda la naissance du Prophète (). Il est appelé l’épisode de l’éléphant ou l’année de l’éléphant car c’est cette année qu’Abraha l’Abyssin arriva à La Mecque avec un éléphant pour détruire la Maison sacrée (la Ka’ba). Mais Allah envoya sur cette armée des oiseaux par volées chargés de pierres qu’elles lançaient sur eux jusqu’à les anéantir. C’est un fait rapporté avec certitude dans le Coran et la Sunna. Les détails en sont donnés dans les livres de la biographie prophétique. Allah dit : « N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi envers les gens de l'Eléphant ? N'a-t-Il pas rendu leur ruse complètement vaine ? et envoyé sur eux des oiseaux par volées qui leur lançaient des pierres d'argile ? Et Il les a rendus semblables à une paille mâchée. » (Coran 105 ; 1/5).

Ibn Kathir explique cette sourate : « Cet événement fit office de préambule et de prémisse à l’avènement du Prophète () car c’est cette année qu’il naquit. »

Al-Qâri a dit : « C’est Allah qui empêcha la chamelle de poursuivre sa route avant qu’elle n’entre à La Mecque avec ceux qui l’accompagnaient pour que le conflit n’ait pas lieu et que le sang ne coule pas dans l’enceinte sacré avant qu’il ne soit trop tard s’il s’était avéré qu’ils y entrent. De la même façon que cela s’était produit avec l’éléphant. Mais Allah savait que, parmi eux, certains adhéreraient à l’Islam et que de leurs descendances, certains se convertiraient aussi et combattraient pour la cause d’Allah. Le cadi a dit : On rapporte que lorsqu’Abraha se décida à détruire la Ka’ba et tuer les habitants de La Mecque, il prit la direction du temple à la tête de son armée. Arrivé au lieu-dit Dhu Al-Majâz, l’éléphant fit halte et refusa d’avancer en direction de La Mecque. Alors que quand il se tournait dans une autre direction il pressait le pas. »

Dans l’explication que Al-Zarqânî fait du livre intitulé Al-Mawâhib Al-Laduniyya Bi Al-Minah Al-Muhammadiyya, il dit : « Ibn Battâl a dit, ainsi que d’autres savants : On peut déduire de cet épisode les enseignements suivants : Il est permis de se dérober de l’attention des polythéistes et de surprendre leur armée par inadvertance. Il est permis de voyager seul en cas de besoin. Emprunter un chemin difficile en délaissant un autre plus aisé si l’intérêt l’exige. Le jugement doit porter sur ce qui relève de l’habitude même s’il est possible qu’une autre attitude survienne. On ne doit pas attribuer une erreur à quelqu’un qui n’a pas l’habitude d’en commettre de similaires et on doit rejeter les propos de toute personne qui porte un jugement général en fonction de cette erreur. On doit aussi excuser tous ceux qui le font car ils ne connaissent pas forcément la situation qui a provoqué cette erreur. Les compagnons auraient eu raison de juger la chamelle comme ils l’ont fait si ce n’était pas un évènement extraordinaire qui fit qu’elle s’arrêta. D’ailleurs, le Prophète ne les a pas blâmés pour avoir porté un tel jugement car leur comportement est excusable. Il est permis d’interférer dans les affaires d’un tiers sans son autorisation explicite si un fait précédent montre qu’il l’agrée. En effet, Les compagnons ont réprimandé la chamelle et le Prophète ne le leur a pas reproché. »

Ibn Hajar a déduit de magnifiques enseignements au cours de son explication des propos : « C’est Allah qui l’a empêché d’entrer à La Mecque comme Il en avait empêché l’éléphant » parmi lesquels :

« Faire référence à l’épisode de l’éléphant correspond sous certains aspects à la situation des compagnons. En effet, s’ils étaient entrés à La Mecque dans l’état qui était le leur et que les polythéistes se seraient entravés sur leur chemin, un combat se serait engagé et aurait conduit à une effusion de sang et au pillage de biens. De la même façon que cela s’était produit avec l’armée de l’éléphant. Mais Allah savait que, dans ces deux situations, certains adhéreraient à l’Islam et que de leurs descendances, certains se convertiraient aussi et combattraient pour la cause d’Allah. Par ailleurs, nombre de musulmans incapables de quitter La Mecque y résidaient encore. Parmi eux des hommes, des femmes et des enfants. Si les compagnons étaient entrés à La Mecque et que les combats s’étaient engagés, il est possible que certains d’entre eux aient été touchés involontairement par les musulmans comme Allah le dit dans ces versets : « S'il n'y avait pas eu des hommes croyants et des femmes croyantes (parmi les Mecquois) que vous ne connaissiez pas et que vous auriez pu piétiner sans le savoir, vous rendant ainsi coupables d'une action répréhensible... » (Coran 48 ;25).

On peut aussi déduire de cette histoire qu’il est possible d’établir des comparaisons de façon générale même si certains aspects plus particuliers diffèrent. Ceux qui avançaient sur La Mecque avec l’éléphant adhéraient à une religion complétement fausse alors que les compagnons qui y progressaient avec la chamelle adhéraient à la religion de vérité. Mais la ressemblance entre les deux cas réside dans la volonté d’Allah d’interdire d’accès La Mecque aux deux parties. On comprend aisément pourquoi en ce qui concerne l’armée de l’éléphant. Mais pour les compagnons qui étaient avec la chamelle, la raison est celle que nous avons évoquée peu avant. Cette histoire propose également une parabole et permet à des successeurs de méditer sur le cas de leurs prédécesseurs. »

Parmi les enseignements de cette histoire, Ibn Al-Qayyim a dit : « Il est permis de réfuter un jugement erroné même s’il ne concerne pas un être humain puisque quand les compagnons se sont écriés : La chamelle se rebiffe ! Le Prophète () a réfuté leur allégation en disant : Elle ne se rebiffe pas, ce n’est pas dans ses habitudes. »

Suite à ce qu’il est advenu après ces évènements, les musulmans ont su qu’en empêchant la chamelle de progresser, Allah le faisait en dissimulant ce qui constituait un bien pour tous. Les musulmans et les polythéistes de Quraych y conclurent un pacte nommé dans les livres de biographie prophétique comme le pacte de Hudaybiyya. Ce pacte – bien qu’en apparence injuste pour les musulmans – permettra de réaliser la conquête de La Mecque et toutes les autres conquêtes et victoires islamiques qui suivront. Au point où Abu Bakr, a dit : « Il n’y eut aucune victoire en Islam plus importante que celle de Hudaybiyya. Mais ce jour-là, les gens n’étaient pas suffisamment lucides pour savoir ce qui se passait entre Mohammed et son seigneur. Les gens sont impatients. »

Abdullah ibn Mas'ud a dit : « Vous pensez que cette victoire (Fat'h) est la conquête (Fat'h) de La Mecque, alors que nous, nous considérions qu'il s'agissait de la victoire que constitua la trêve conclue à Al-Hudaybiya. »

 

 

 

 

 

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