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Le concept de l’argent en Islam

Le  concept de l’argent en Islam

Les biens que nous possédons et que nous utilisons pour vivre et pour survire appartiennent à Allah qui nous les a confiés pour que nous en fassions l’usage qu’Il nous a indiqué après nous avoir rendu responsables et comptables des voies et moyens par lesquels nous les gagnons et à travers lesquels nous les dépensons. En effet, la possession des biens est un désir au même titre que les autres désirs licites qu’Allah a suscités en l’homme. Mais Il a, exalté soit-Il, mis en place des dispositions et des garanties pour protéger ces biens, même contre leur propre propriétaire. Toutes ces précautions sont prises parce que les biens font partie des cinq nécessités sur lesquelles repose la vie humaine, à ce propos il est mentionné dans le Sahîh de Mouslim que : "Quiconque trouve la mort en défendant ses biens est un martyr ". En outre, Allah n’a pas permis d’utiliser les biens d’autrui sans sa permission expresse, car "il est interdit de toucher aux biens des autres sans leur consentement libre de toute contrainte." (Ahmed). Il s’agit là d’une règle générale qui ne souffre d’aucune exception sauf celles prévues par la Charia.

En réalité, l’Islam encourage au plus haut degré la dépense des biens dans les chemins d’Allah, car, pour lui, le fidèle doit d’abord dépenser ses biens avant de se sacrifier lui-même. Mais ce n’est pas tout, l’Islam a aussi attaché énormément de droits, de devoirs, d’aumônes et d’actes cultuels aux biens pour que leur dépense devienne un acte d’adoration plus méritant que le djihad.

Pour mieux cerner la réalité de ce culte, l’Islam a condamné l'avarice ainsi que le gaspillage et a invité le fidèle à se frayer un chemin entre ces deux écueils : « Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou [par avarice], et ne l'étend pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné. » (Coran 17/29).
L’Islam a sévèrement critiqué la thésaurisation en indiquant un grand nombre de ses conséquences : elle a été la cause de l’anéantissement de Qarûn et de ses trésors ou encore de la perte subie par l’homme qui, selon le Coran, refusait de partager sa récolte avec les pauvres, attirant par-là contre son champ, les foudres dévastatrices du ciel. La leçon à retenir ici est que le thésauriseur est maudit et, qui dit maudit, dit écarté de la miséricorde divine. C’est ce qui est indiqué dans le hadith rapporté par Tirmidhî et dans lequel le Prophète (Salla allahou Alaihi wa Sallam) : "Maudit soit le serviteur du dinar, maudit soit le serviteur du dirham ! " Dans une autre version : "Malheureux soit le serviteur du dinar ou le serviteur du dirham" en raison de son engouement sans limite et de son engagement sans retenue pour amasser les biens. Mais attention cela ne veut pas dire que l’Islam ne prône pas l’épargne ; au contraire, il l’encourage, mais d’une façon modérée qui prend en compte le strict minimum nécessaire tout en insistant sur les valeurs et les mérites liés à l’acte de donner en prévision de la pauvreté, ce mal contre lequel le Prophète (Salla allahou Alaihi wa Sallam) ne cessait de se réfugier auprès de son Seigneur pour l’en préserver, en raison des effets négatifs que celui-ci entraîne sur la personnalité du musulman, sur sa religion et sur son comportement. Cela rejoint les conseils prodigués par Luqmân al-Hakîm à son fils: "Tâche de faire des gains licites pour éloigner de toi la pauvreté, car jamais un homme n’est devenu pauvre sans devenir, en même temps, victime de trois maux : une précarité au niveau de sa religion, une faiblesse de sa foi et une absence, chez lui, de tout esprit chevaleresque et, plus grave encore, il devient méprisé et méprisable aux yeux des autres". En conséquence, l’Islam n'a pas dénigré les biens qui sont un bien, un décor et une force à condition qu’ils soient gagnés légalement et dépensés à juste titre, loin de toute forme de tentation. Car le Prophète (Salla allahou Alaihi wa Sallam) a dit : "Chaque nation a sa propre tentation, celle de la mienne réside dans les biens" (Tirmidhî). L’idée est donc que l’acquisition des biens ne doit pas se transformer en mal, en test ou en motif pour tomber dans le péché. C’est pourquoi l'Islam n’apprécie guère celui qui consacre toute son énergie à amasser les biens au point de considérer une telle activité comme étant une fin en soi. Après avoir indiqué au fidèle que la richesse n’est pas nécessairement le signe de la satisfaction d’Allah - qui ne se mesure d’ailleurs que par les actes cultuels et par la piété - l’Islam a invité ce dernier à se méfier et à prendre ses précautions sous peine de se noyer dans les bourbiers de la richesse. C’est dire qu’en Islam l'importance des biens ne réside pas dans leur accumulation – car inévitablement ils changeront de main - mais plutôt dans la façon par laquelle leur propriétaire les dépensera dans ce monde. Or les biens qui ne bénéficient pas à leur propriétaire dans ce bas monde seront pour lui, dans l’au-delà, une source de deuil et de regret amer. Cela montre que l’accumulation des richesses a un impact négatif sur la société, car non seulement elle empêche son auteur, ainsi que les autres, d’en profiter et, par conséquent, elle risque d’entrainer, pour la société, une crise économique. Il est donc impératif de faire les dépenses pour faire circuler l’argent entre les gens afin qu’ils puissent en profiter et qu’à chacun arrive son dû, lequel est une responsabilité que doit assumer le riche qui a amassé plus que son dû !

Quant à l'argent dans les économies de marché, il est essentiellement basé sur l'usure, la cupidité et la monopolisation qui, dans ce cas, le transforme en un outil pour générer encore et toujours de l'argent qui devient ainsi un objectif en soi. Il servira alors à faire éclater les guerres, à faire tomber les trônes et à gaspiller les ressources pour maintenir les prix, et donc pour arriver au résultat suivant : l’élargissement du cercle de la pauvreté et du chômage, l'augmentation des divorces et du nombre des personnes seules, la propagation des maladies physiques et mentales, la multiplication des crimes, des meurtres et des vols, la hausse du taux de suicide, l’humiliation des femmes, la maltraitance des enfants, la pollution de l'environnement, etc.

Il n’est guère étonnant de voir une telle situation se concrétiser dans la réalité, car les économies actuelles sont à la fois caractérisées par l’excessivité et le laxisme, les lacunes et la négligence, l’égoïsme et l’opportunisme, en un mot ce sont des économies libres de toute restriction d'ordre moral ou religieux voire humain ! Tout cela pour le compte de qui ? Pour le compte et le bénéfice d’une oligarchie internationale et apatride qui contrôle le monde et ses ressources et qui installe des entreprises multinationales et monopolistiques un peu partout. Tout cela, ainsi qu'une liberté irresponsable, a conduit et conduira toujours aux crises économiques et financières dont les victimes resteront les pauvres et la classe moyenne !

Quant à l'Islam qui a honoré l’homme et qui en a fait le vice gérant de la terre, non seulement il prône mais même exige une coopération matérielle, spirituelle et psychologique entre les fidèles. Le meilleur et le plus éloquent exemple de cette coopération est celui que l’on trouve dans la Sîra de notre Prophète (Salla allahou Alaihi wa Sallam) quand il a fraternisé entre les Muhâdjirûn de La Mecque, ces indigents sans le sou laissant tout derrière eux au nom de leur religion, et les Ansârs, les habitants de Médine, ces hommes de grand mérite qui étaient venus s’installer avant eux. Ils ont donc reçu les Muhâdjirûn à bras ouverts dans leurs maisons et les ont bien soutenus. C’est une «fraternisation» qui restera immortelle dans l'histoire de l'humanité et qui, même si elle est très ancienne, n’en constitue pas moins une référence précieuse pour tout musulman soucieux de construire une société vertueuse ayant ses propres cadres et sa propre législation, une société où prévaut la compassion, cette grande qualité qui va de pair avec la nature saine de l’homme et sa façon de vivre .

Cette «fraternisation» a donné naissance à une société où il n'y avait pas de place pour l'envie ou l’égoïsme, mais seulement pour la foi, la dévotion, le sacrifice, la satisfaction de chacun avec le lot qu’Allah lui a assigné et la sobriété dans l’action. Autant donc de qualités qu’on trouve rarement à travers l'histoire de l'humanité.

Nous devons être convaincus que l'argent est un moyen et non une fin en soi. Or le moyen c'est l'effort consenti par le musulman pour amasser de l’argent et pour le dépenser. Seulement, à cette époque gangrenée par la corruption, beaucoup de musulmans, à quelques rares exceptions près – constituées de ceux qu’Allah a protégés contre l’erreur -, concrétisent la prophétie du Messager d’Allah (Salla allahou Alaihi wa Sallam) selon laquelle : "Il viendra certainement un temps où personne n’échappera à la consommation du ribâ (l’usure) au point que celui qui n’en consomme pas sera touché par sa poussière" (Ibn Mâdjah). En effet, lorsque les musulmans se sont détachés du système économique islamique et lui ont tourné le dos les transactions matérielles louches se sont multipliées à telle enseigne qu’elles sont devenues presque normales (pour ne pas dire banales) !

Nous devons donc repenser nos méthodes économiques, à l’instar du "Vatican", cette place forte du catholicisme, qui, comme indiqué dans son journal officiel dans sa publication «économique» du 03/07/2009, a invité les banques occidentales à examiner attentivement les règles financières islamiques qu’il considère comme basées sur l'éthique et les principes qui doivent guidées les banques occidentales pour faire prévaloir l’esprit censé exister entre des institutions qui fournissent des services financiers !?
 

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